Si la communication est une des fonctions les plus fantasmées, désirées ou détestées, c’est surtout un écosystème de métiers qui évolue à très grande vitesse, principalement depuis l’explosion du numérique. C’est une fonction qui s’est tardivement professionnalisée et qui exige toujours beaucoup de pédagogie, tellement elle semble insuffisamment connue, autant par ceux qui pourraient la réduire à un gadget coûteux et futile que d’autres qui s’imagineraient compétents pour l’exercer.

N’est pas communicant celui qui aurait une idée, préfère le vert au bleu, ou s’exprime avec aisance.

Est communicant celui qui sait exploiter une idée et la valoriser, donner du sens au choix d’une couleur, écrire un discours impactant à prononcer.

N’est pas communicant celui qui parle le plus fort et ou impose ses vues, mais plutôt celui qui sait convaincre et parfois même se taire !

Est communicant celui ou celle qui est capable d’avoir une vision globale d’un projet, qui s’inscrit dans une stratégie, qui en maîtrise et en assure la mise en œuvre, tant au niveau des moyens humains que budgétaires, en tenant compte des contraintes techniques, juridiques ou calendaires, avec des exigences opérationnelles et rédactionnelles, typographiques et graphiques ; celui ou celle qui est capable de gérer une réputation ou une crise, à une époque où l’instantanéité rythme les journées, au son des notifications des smartphones.

Il n’est pas facile d’être performant en communication, car tout le monde estime pouvoir faire mieux que vous. Pour citer le psychiatre Carl Gustav Jung, « réfléchir c’est difficile, c’est pourquoi la plupart des gens jugent », et donnent leur avis, évidemment sans légitimité professionnelle, et ce point de vue personnel, affectif et gratuit peut devenir une prise de position faisant autorité, du fait de la position hiérarchique de l’intéressé dans l’organisation.

La communication n’est pas la variable d’ajustement de l’inorganisation des autres

La communication serait donc un métier si facile et agréable que tout le monde pourrait le faire. Demandons-nous alors pourquoi ces personnes qui s’autoproclament communicantes, avec une manifeste surestimation d’elles-mêmes, ont préféré s’engager dans des filières apparemment plus compliquées, plus pénibles, plus stressantes… 

Je n’ai jamais vu un DAF ou un DSI être contesté dans ses compétences par des jugements personnels. D’ailleurs, personne ne s’autoriserait à leur donner des leçons de fiscalité ou de code. A l’inverse, nombre de mes collègues dircom recevront tout au long de leur carrière des avis tranchés, voire des consignes les invitant à commettre des fautes techniques, juridiques, éthiques, typographiques…

Le communicant n’est ni un marchand de rêve, ni un faiseur de miracle. La communication n’est pas non plus la variable d’ajustement de l’inorganisation des autres. Associer la com’ à la fin d’un projet, c’est de l’incompétence ou une faute professionnelle, de la part du chef de projet ou de sa hiérarchie. C’est pourtant parfois encore le cas suivant les entreprises, l’autorité qui est accordée à la communication et l’autorité professionnelle de celui ou celle en charge de la diriger.

Être communicant est un vrai métier, rigoureux et de labeur. Un métier de disponibilité vis-à-vis des autres, où on ne compte ni ses soirées, ni ses week-ends. C’est un métier artistique, qui permet aux créatifs de s’exprimer, mais aussi juridique, technique, logistique qui impose le respect de règles et de processus. S’il bénéficie de plus en plus d’outils, c’est un métier dont les résultats ne sont pas scientifiquement garantis, et qui conserve une part d’incertitude, liée aux aléas de l’humain, à ceux de la technique, de l’actualité, de la météo, de la politique ou d’évènements imprévisibles…

Oui, la communication est un métier. Et la gestion de crise, de plus en plus fréquente, dans un monde surexposé et commenté, en est un révélateur aux yeux des acteurs internes de l’entreprise.

Oui, la communication est une affaires de professionnels, qui anticipent les crises et s’y préparent quand tout va bien, en formant les dirigeants à la prise de parole ou les collaborateurs au bon usage des réseaux sociaux, en travaillant le référencement naturel de l’entreprise sur le web… pendant que d’autres la ramènent pour donner leur avis, sans vision d’une stratégie de communication, sans connaissance des impacts et conséquences de chaque action, sans compétence pour un vrai métier qui n’est juste pas le leur.

Frédéric Fougerat

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Frédéric Fougerat
Président de Tenkan Paris – Cofondateur de Cogiteurs , Tenkan Paris
Frédéric Fougerat (@fredfougerat pour les tweetos) est président de Tenkan Paris, agence conseil en communication de crise, image et réputation de personnalités sensibles, et cofondateur-associé de Cogiteurs, agence conseil en communication corporate, collectif de DirComs au service des DirComs.

Il a dirigé la communication de collectivités publiques durant 15 ans, et la communication de grands groupes internationaux pendant 20 ans (SBF 120, LBO…).

Le magazine Forbes l’a classé en 2021, n°1 de son top 100 des décideurs les plus influents de la communication en France. Frédéric Fougerat est officier de l’ordre national du Mérite, chevalier du Mérite agricole, et chevalier des Arts et des Lettres.

Il est l’auteur de livres sur le management «Un manager au cœur de l’entreprise» et «Le Goût des autres, mes recettes de manager», et sur la communication «Un DirCom n’est pas un démocrate», «La Com est un métier», et «Le dico de la Com» aux éditions Bréal Studyrama.
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2 Comments

  1. Sarah Reply

    Magnifique article qui me parle beaucoup. Vous avez su exprimer, si bien, tout ce que je pense de ce métier. Etant Freelance dans ce domaine, je « subis » de la concurrence « agressive » de personnes sans légitimité aucune pour exercer ce métier. Juste, par ce que « la communication, tout le monde peut en faire ». Mais c’est tellement plus que juste « écrire pour les réseaux sociaux ».

    Merci à vous.

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